1. Définition de l’éco-anxiété
La notion d’éco-anxiété a été conceptualisée en 1997 par la médecin-chercheure en santé publique Véronique Lapaige (2020). Elle peut être définie comme une forme d’anxiété, d’appréhension et de stress liés aux changements climatiques et aux menaces constatées ou anticipées sur les écosystèmes. Ce terme renvoie à une détresse prospective, dans le sens où imaginer l’avenir devient une source d’inquiétude.
Le terme d’éco-anxiété est souvent associé à celui de solastalgie, qui désigne quant à lui une détresse rétrospective : on constate la perte, celle de la nature, d’un monde, la dégradation de l’environnement. Ce terme fait référence à un certain regret du passé, plus qu’à la peur de l’avenir.
Les symptômes
L’éco-anxiété n’est pas reconnue comme une pathologie. Certains professionnels interrogent cette absence de reconnaissance officielle considérant que les personnes concernées souffrent autant qu’un patient atteint d’autres troubles psychiques. Néanmoins, une majorité d’entre eux défend l’idée que l’inquiétude face à la menace du dérèglement climatique est une réaction normale, saine et non pathologique.
Pour les psychiatres Antoine Pelissolo et Célie Massini, "Les personnes qui déclarent souffrir d’éco-anxiété rapportent des symptômes du champ des troubles anxieux : stress, crises de panique, crises d’angoisse, insomnies, pensées obsessionnelles, troubles alimentaires, émotions envahissantes (peur, tristesse, impuissance, désespoir, frustration, colère, paralysie)". Les consultations pour ce motif seraient de plus en plus nombreuses.
Les causes
L’éco-anxiété touche de nombreuses personnes pour une raison simple : les changements climatiques nous concernent et impactent tous, surtout les plus jeunes. Selon une étude publiée par la revue The Lancet, 45% des jeunes de 15 à 26 ans éprouvent de l’anxiété à cause de la crise climatique. Cette étude est basée sur un sondage auprès de 10 000 jeunes de 16 à 25 ans, dans 10 pays, dont la France.Elle indique également que 75% des 15-26 ans jugent le futur « effrayant » et 56% estiment que « l’humanité est condamnée ». Concrètement, les jeunes considèrent que la crise peut impacter leur vie personnelle et professionnelle (55% estiment qu’ils auront moins d’opportunités que leurs parents), leur vie familiale (52% supposent que la sécurité de leur famille « sera menacée », 39% hésitent à avoir des enfants), et leur niveau de bien-être général (59% des sondés jugent être « très » ou « extrêmement inquiets » du changement climatique). Si l’éco-anxiété touche particulièrement les jeunes, c’est avant tout parce que c’est leur avenir qui est en jeu ! Mais d’autres personnes sont également plus susceptibles de développer de l’éco-anxiété. C’est notamment le cas des personnes vivant en zone urbaine, des climatologues et écologues, qui sont davantage en lien avec la nature et les répercussions du réchauffement climatique.
2. Comprendre et surmonter l’éco-anxiété
Comment gérer l'éco-anxiété et l'angoisse liée au changement climatique ?
L’éco-anxiété désigne un sentiment d’angoisse et de peur, mais également d’impuissance face à la situation climatique. Il existe plusieurs moyens pour apprendre à gérer l’anxiété écologique.
En parler
Lorsqu’on est angoissé, peu importe la raison, il est important de pouvoir en parler afin de prendre du recul sur la situation. Dans le cas de l’éco-anxiété, il peut être intéressant d’en parler avec des personnes ressentant la même chose, ou d’échanger avec un professionnel (psychologue ou psychiatre). Être écouté et se sentir légitime dans notre ressenti peut être très bénéfique. Tout le monde n’est pas sensibilisé de la même façon face aux changements climatiques, et le fait de ne pas se sentir entendu peut générer d’autant plus de stress.La première étape pour lutter contre l’éco-anxiété est donc d’en parler, d’échanger avec d’autres personnes sur le sujet, et de prendre du recul sur la situation climatique.
Se mobiliser collectivement
Encore une fois, pour éviter d’exacerber un sentiment de solitude, il est important de bien s’entourer lorsque nous sommes touchés par de l’éco-anxiété. Pour en parler, oui, mais pas seulement. Le fait de se regrouper avec des personnes partageant les mêmes centres d’intérêt permet de se sentir compris. Il existe de nombreux collectifs et associations permettant ce type de mobilisation collective, pour agir concrètement pour l’environnement.
Se concentrer sur le positif
L’évolution des technologies permet une omniprésence des médias qui peut parfois paraître étouffante. Le réchauffement climatique est traité sur tous les supports : radio, télévision, journaux, internet… Et c’est une bonne chose, cela permet de sensibiliser le plus grand nombre aux problématiques environnementales. Cependant, lorsqu’on est éco-anxieux, il peut être bon de s’éloigner de ce “trop plein” d’informations négatives, et de se concentrer sur le positif. Que ce soit au niveau mondial, national ou local, de nombreux médias relaient des actualités positives sur l’environnement. Concentrez-vous sur celles-ci !
Agir à son échelle
Le meilleur moyen de lutter contre l’éco-anxiété, c’est de se sentir utile. Il est important de prendre conscience que chacun peut agir à son échelle, et que si tout le monde fait de petits efforts, les changements peuvent être conséquents. De nombreux éco-gestes sont applicables au quotidien : réduire ses déchets, manger moins de viande, utiliser des moyens de transports moins polluants… Même si ces actions peuvent paraître dérisoires, elles permettent en réalité de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Ce qu’il faut retenir, c’est que l’éco-anxiété ou la solastalgie sont des réactions normales face aux préoccupations environnementales actuelles. L’important est d’apprendre à gérer ce stress en en discutant et en donnant du sens à nos actions, et de se rappeler qu’il est possible d’être heureux tout en ayant conscience de la situation climatique et environnementale.